Nos routes sont faites pour…


Plus de 30 minutes dans un embouteillage. Ma musique m’empêche de tomber dans la nescience de moi-même. L’Autoroute de Delmas ce Malheur pugnace où tout le monde se ressemble ; de la gente Acurée, Ferrarisée, Teriosisée au banal quidam enfoncé derrière une misère de carrosserie. "Dieu qui sauve" peut-on lire impiemment sur le front de la ferraille qui chuchote une odeur de câble brulé aux nez des passagers ; un récital de M. tout le monde qui attend enfin  que ce serpent à quatre têtes crève.

Le policier, tel un théoricien sous-estimé, agent de la crasse, expose ses principes à tout le monde mais à quelle fin ? Il n’est autre qu’une victime du verbe nécessiteux du timeismoneyisme. Chaque mouvement, chaque coup de sifflet  fait paraitre l’ignorance de nos petits chefs de jadis, au grand jour. Cogiter en minus ne rend pas plus petite la porte de l’ergo sum. Il vous suffit d’un carrefour mal géré pour déterminer de l’incompétence de ceux qui nous gouvernent ; ou d’une sirène enragée pour amalgamer droit d’honneur et doigt d’honneur.


Qui a pensé nos routes ? Pour quelle génération ? Nos routes sont, certes, faites pour cogiter mais même Descartes s’y perdrait dans ce mélange de retard et de regrets. C’est la société marchande qui sort gagnante de toute cette perte, de temps, de destin, de rien. L’Etat heureux complice essuie le sang malin de sa bouche. Au commencement était, donc, la cité, le citoyen ; la cité était avec le citoyen et la cité était Etat ; le citoyen s’est faite chair et il a été bouffé par l’Etat. Nos routes sont faites pour décourager ; songe-t-on à faire demi-tour et voilà que la voie devient fluide mais il est déjà trop tard. On s’est fait moutonnement baisé dans l’orgie du capital.

Davidson Bien Aimé
kleedave@gmail.com

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