Au Pays Du Feuilleton*

Dans un célèbre essai de 1962 concernant Superman, Umberto Eco écrivit que Superman est un personnage mythologique dans le monde du roman et il fait de superman un descendant du Comte de Monte-Cristo. Monte Cristo serait le premier des super héros ? Personnellement je pencherais plutôt pour Rodolphe des « Mystères de Paris ». Sans chercher à trouver le père de tous les Super-Héros, on peut tout simplement s’apercevoir que le récit de super héros s’inscrit dans une filiation générale des « héros populaires » qui apparaissent au 19ème siècle. Rodolphe,des « Mystères de Paris », a tout des caractéristiques du super-héros :d’origine princière, il se déguise afin de se mêler au peuple et de 
parcourir les bas-fonds de Paris ; comprenant les problèmes que connait le peuple, il use de son grand talent de combattant pour faire régner laj justice. Identité secrète, recherche de la justice, pouvoir surhumains (sinon super pouvoirs) on retrouve l’archétype qu’endossera Batman quelques décennies plus tard  et on trouve le modèle même du « super vilain » avec le redoutable « maitre d’école » Cependant,Umberto Eco préfère donner la priorité à Edmond Dantès. A la suite d’un complot, Edmond Dantès, est emprisonné pendant 14 ans sur l’ile du diable. Grace à l’abbé Faria, il parvient à s’enfuir et prend possession d’un trésor, ce qui lui permet de se venger de ses dénonciateurs sous 
le couvert de l’identité du Comte de Monte Cristo. Certes il y a une double identité et des pouvoir exceptionnels (pour s’enfuir à la nage et les pouvoirs accordés par la richesse) mais on y retrouve pus une vengeance qu’une recherche de justice universelle. Pourtant Eco estime que Dumas a cherché à donner à Edmond Dantès une psychologie qui est celle du surhomme « 
partagé entre le vertige de l’omnipotence et la terreur de son rôle privilégié ».

Umberto Eco considère que le « comte de Monte Cristo » est le roman le plus passionnant et le plus mal écrit qu’on ait connu mais il met une part de son succès sur le fait que Dumas était payé à la ligne et va participer à l’invention du feuilleton... C’est bien ces feuilletons et ces histoires sans fin qu’on retrouve de manière exacerbée dans les récits de super héros (spiderman flirte avec les 700 épisodes).

Par contraste, on peut prendre le cas de d’Artagnan qui est aux antipodes du super héros. Il n’a ni super pouvoir, ni double identité (malgré son nom « de scène » de d’Artagnan). Il ya une petite ressemblance avec spider man car ce sont tous les deux des romans d’initiation mais d’Artagnan se situe dans une société d’ancien régime où l’honneur personnel et les relations familiales priment ; aussi d’Artagnan n’hésite pas à se battre pour la moindre peccadille et à exhiber ses liens avec Monseigneur de Tréville, là où Peter Parker acceptera de se laisser humilier moultes fois avant de réagir. Enfin, D’Artagnan combat avant tout au nom des pouvoirs qu’il a choisi de servir et non au nom d’une idée de justice. Toutefois, il n’est pas sans liens avec tous les aventuriers qui fleuriront au 20ème 
siècle : Doc Savage, Bob Morane, James Bond,...sans oublier Judex, Fantomas,...et le méconnu Nyctalope qui brigue le titre de « premier des super héros ». Toutefois, s’il fallait chercher un précurseur aux super-héros, je remonterai carrément à 1615 avec la création de Don quichotte qui 
offre tous les archétypes inversés du super héros. Quand les super-héros sont jeunes, puissants et combattent des ennemis, Don Quichotte est vieux, sans pouvoirs et ne combat que des ennemis imaginaires mais il a en commun avec les super-héros, la volonté de justice et la double 
identité. Et sa vieillesse et sa folie le rapprochent des Watchmen et Kick-Ass. Il n’y a là rien d’étonnant puisque Don Quichotte est le premier des romans modernes [...]
*texte complet à lire ICI



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