Le Football: le jeu,le mythe*

*titre modifié par Blogolidaire/ titre originale : Football (le)

Deux cent soixante-dix millions de joueurs dans le monde selon la fifa (Fédération internationale de football association), 300 000 clubs mais surtout 2 milliards de téléspectateurs attendus pendant la Coupe du monde de 2010, répartis dans 213 pays, soit le tiers de l’humanité pour regarder les matchs. On conçoit bien en effet que le football puisse être, selon la formule consacrée de Christian Bromberger, « la bagatelle la plus sérieuse du monde »

Le jeu est apparu probablement au xiie siècle en Normandie, sous le nom de « soule » ou « choule », rapidement exporté en Angleterre, où on l’appelle alors Hurling over Country. C’est un jeu collectif, brutal, sans véritables règles, mais organisé autour d’une balle de cuir qu’il s’agit de transporter d’un point à un autre. Les règles viendront beaucoup plus tard, de Cambridge, au xixe siècle, et l’on attendra 1857 pour voir naître le premier club : le Sheffield Football Club.

Comment expliquer aujourd’hui un tel culte ? Car le mot n’est pas trop fort : l’engouement est tel, les enjeux économiques et politiques sont si complexes que ce sport est devenu véritablement mythique, réunissant dans une même ferveur des nations et des publics les plus divers. Le football, en effet, transcende les classes sociales, bouscule les hiérarchies établies par des siècles de relations internationales, participe à l’histoire. La simplicité des règles, la facilité avec laquelle il est possible de jouer n’importe où – et en particulier dans les villes –, la modicité de l’investissement de base mais surtout son caractère ludique lui assurent son succès. Car, plus qu’un sport, c’est surtout un jeu : « Plus encore que le roi des sports, le football est le roi des jeux », écrit Giraudoux. Mais c’est aussi un exutoire, un espace cathartique laissé par la modernité à la libération de toutes les énergies, y compris celles nées des plus violentes frustrations. Et le phénomène n’est pas récent puisque, déjà, le lord-maire de Londres, en 1314, en proscrivait la pratique : « À cause d’un certain tumulte provoqué par des jeux de football […], nous décidons d’interdire au nom du roi, sous peine de prison, que de tels jeux soient pratiqués désormais dans la cité ».

Mais si le poids du football devient si important aujourd’hui, c’est peut-être aussi que, dans le contexte politique actuel qui s’efforce de limiter, résorber et condamner toutes les formes de conflit, le jeu sert de véritable « dérivatif ». Il permet de structurer les antagonismes internationaux, d’entretenir pacifiquement l’attachement à la nation, voire à la ville – le derby. À moins que ce ne soit l’effet inverse qui ne se produise, et que le football ne soit l’apprentissage de l’esprit de conquête. On n’oubliera pas ainsi l’exaltation sans ambiguïté de Pierre de Coubertin, en 1892 : "Je voudrais que vous ayez l’ambition de découvrir une Amérique, de coloniser un Tonkin et de prendre Tombouctou. Le football est l’avant-propos de toutes ces choses. "

les 100 mythes de la culture générale, ERIC COBAST. Puf, Paris. (Que sais-je?)

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